Le sang chaud de Mélenchon
Mélenchon, mon ami, j’enrage en te voyant
Aux griffes ennemies prêter ainsi le flanc !
Toi qui te fais l’écho du génie populaire
Que n’as-tu pas appris à dompter ta colère ?
N’est-ce pas là donner confiture aux cochons
Qu’exposer ton courroux en une des torchons
Et lancer des os à ronger aux chiens de garde
Que de faire à ton nez monter tant de moutarde ?
Du rouge de Libé au bleu du Parisien
On te voit grimaçer comme un vieux babouin
Et tout à leur plaisir de nous servir la soupe
C’est l’heure de la curée pour Joffrin et sa troupe
D’Europe à RTL, d’Inter à France Info
Le sniper te canarde à longueur d’édito
Chacun y va de ses éléments de langage
« Fou furieux », « dictateur », « inquiétant personnage »
Qu’ils te voient cocardier, franchouillard, jacobin
Ou bien tout au contraire anti-républicain
Les baveux sont de mèche à te peindre hystérique
Le doigt sur le bouton de la bombe atomique
Assez ! Tout cela fait un vacarme effrayant
Et dresser les cheveux sur la tête des gens
Cependant qu’au secret des obscurs ministères
Ronronne le moulin qui fait notre misère
De son bourdonnement très doux, très régulier
Il fait monter les eaux et fondre les glaciers
Il fait empoisonner les boyaux de la terre
Et flotter sur le dos les poissons des rivières
Macron fait des affaires et signe des contrats
Dont le monde demain ne se remettra pas
Sous les grands cris d’orfraie, sous les effets d’annonce
Et le concours zélé d’une armée de médias
Il étouffe la voix du seul qui les dénonce
Il émousse le fer du seul qui les combat
Polo, 19 octobre 2018