Primaires de droite, premier débat

Et que faudrait-il faire ?

Bosser au maximum, turbiner sans répit ?
Avoir plusieurs emplois, travailler jour et nuit 
Et pour se coucher tôt renoncer à la fête ?
Voir s’éloigner toujours le jour de sa retraite ?

Non merci. Et quand vient ce jour tant attendu
Exangue et lessivé, se retrouver tout nu 
Dès lors que l’on a pas assuré sa cagnotte
Et gratté comme un rat sur la peau des carottes ?

Non merci. Implorer la grâce des banquiers
Faire pousser de l’argent avec un peu d’engrais
Servir leurs intérêts en attendant la quille
Et payer des agios pour la moindre broutille ?

Non merci. Devenir notaire ou maquignon
Ne plus penser qu’en chiffre à gagner du pognon
Sacrifier sur l’autel des Dieux de la finance
Payer bien moins d’impôts et bien plus d’assurances ?

Non merci. Le matin, partir "encravatté"
Dans les souliers pointus d’un cancre de guichet
Rejoindre des pantins autour de grandes tables
Et chercher le moyen de vendre des portables ?

Non merci. Voir pousser le blé industriel
La fraise en février et la prune à Noël
Aller au restaurant comme on va à l'usine
Devoir s’empoisonner chaque fois qu’on cuisine ?

Non merci. Lésiner sur les instituteurs
Fabriquer des robots plutôt que des facteurs
Toujours vouloir rogner sur la chose publique
Et revendre aux marchands l’or de la République ?

Non merci ! S’enfermer dans des cages à lapins
N’avoir plus un instant qui ne soit pas mesquin
Singer les simagrées de l’esprit d’entreprise
Regarder TF1 pendant qu’on agonise ?

Non merci ! Non merci ! Non merci ! Mais… dormir
Quand on est fatigué, et avec grand plaisir,
Savourer à sa faim des choses comestibles
Elever ses enfants en restant disponible,

Avoir le temps de lire, de pêcher des poissons,
D’apprendre l’espagnol, de jouer du violon,
Et plutôt qu’écouter ces faces de carême
Aller au cinéma, ou écrire un poème

Travailler ce qu' il faut pour se sentir joyeux
Et servir un dessein qui ne soit pas odieux,
Se sentir concerné par une noble cause
Ou bien tout simplement servir à quelque chose...

Voilà en quelque mots tout ce que je voudrais :
Ne pas gagner beaucoup, peut-être, mais assez
Pour pouvoir profiter ensemble de la chance
D’être venu au monde et d’habiter la France !

PPL, 14-10-2016