François Fillon, la métaphysique de la dette
De tout temps on a reconnu les grands auteurs
A la fascination qu’ils ont pour les hauteurs
C’est là « l’ardent sanglot qui roule d’âge en âge »
C’est Friedrich contemplant une mer de nuages
Van Gogh et son clocher de l’église d’Auvers
Mantegna écrasé par un Christ à l'envers
Baudelaire peignant « le prince des nuées »
Turner et ses vapeurs dans le ciel étalées
C’est Marianne aux seins nus qui hisse le drapeau
C’est la mer déchainée du grand Victor Hugo
C’est Wagner évoquant les forces telluriques
Haendel et son Messie aux clameurs angéliques
Villon, roi des poètes, a chanté les sommets
Des cordes de pendus qui coiffent les gibets
De Villon a Fillon, (que Villon me pardonne)
Ne diffère en leurs noms qu’une simple consonne
Car Fillon, puisqu’il faut l’appeler par son nom
Est lui aussi soumis à ces admirations
Qui dominent l’humanité pusillanime
Et que Kant, en son temps, qualifiait de « sublime »
Pour autant, chez Fillon, on change de sujet
C’est un autre refrain qui scande ses couplets
Fillon est en effet le dernier des poètes
Dont l’oeuvre se résume en un seul mot : LA DETTE
En milliards de milliards il peint le grand serpent
Les suites de zéros qui vont s'accumulant
Sur ses anneaux d'argent, et il chante l’ivresse
Du taux des intérêts qui s’ajoutent sans cesse
Pour pouvoir rembourser le chiffre colossal
Que notre genre humain doit au grand capital
Il évoque tremblant, d’une voix exaltée
Des années de labeur, des siècles de corvées
Et suivant son chemin jonché d’or pour les braves
Nous serons sous son joug une horde d’esclaves
Sacrifiant nos vies toujours joyeusement
Pour les petits enfants de nos petits enfants
Prince d’austérité, chantre des privations
Troubadour des sanglots et des coups de bâtons
Si les vers de Fillon sont teintés d'amertume
C’est que le sang du peuple est l’encre de sa plume
PPL 04 - 04 - 2017