Juppé, les griffes de la nuit
Ce matin, en haut lieu, il parait qu’on murmure
Que Fillon a vécu une étrange aventure
Et qu’on l’a découvert exsangue au saut du lit
Disant avoir passé une effroyable nuit
Son pyjama était déchiré jusqu’aux manches
Et dans ses noirs cheveux une poussière blanche
Semblait l’avoir vieilli de dix ans d’un seul coup
A la base du cou, on pouvait voir deux trous
Aussi, de bon matin, a t’il mis sa pelisse
Et s’est rendu tout droit au poste de police
Pour déclarer les faits à l'administration
Voici ce qu’il a dit dans sa déclaration :
"Hier au soir, à Sablé, je rentrais de campagne
A la porte d’entrée m’attendait ma compagne
Et nous avons dîné d’un reste de poulet
Le repas fut frugal et vite expédié
C’est autour de minuit, heure approximative
Que nous avons gagné nos chambres respectives
Et sitôt allongé, ô plaisir sans pareil
Je me laissais glisser dans un profond sommeil
Mais alors que j'étais inconscient et inerte
Quelque chose est entré par la fenêtre ouverte
Quand j’ai rouvert les yeux, réveillé par le froid
Je vis qu’Alain Juppé se tenait devant moi
Exhalant une odeur quasi pestilentielle
Tout son visage était d’une pâleur mortelle
Il était presque nu, dans un drap enroulé
Et sa bouche luisait de deux crocs acérés
A peine ai-je eu le temps de cligner des paupières
Qu’il s’est jeté sur moi, monsieur le commissaire
Et jusqu’au petit jour de cette affreuse nuit
S’est alors engagé un combat sans merci
Je n’aurais jamais cru que ce vieillard atroce
Blanchi sous le harnais put avoir tant de force
Il m’immobilisa et je sentis ses dents
Se planter dans ma chair pour en sucer le sang
Vaincu par les assauts de ce grand carnivore
Je ne résistai plus, et quand pointa l’aurore
Repu d’hémoglobine et d’abomination
Il disparut enfin aux tous premiers rayons »
On comprendra qu’après cette nuit infernale
Fillon porte sur lui une mine bien pâle
Et s’il semble aujourd’hui couver le choléra
C’est qu'il a des ennuis qu’on ne soupçonne pas...
PPL, 03 - 03 - 2017